Claudia Cervo choisit le corps. Elle le tord pour ensuite le dévoiler. Pieds, bras se tendent en gestes éloquents. Claudia Cervo fixe la figure sur la toile de jute aux aplats de couleur blanche et il lui donne vie par un trait vigoureux que vint appuyer l’usage de la ficelle qui tantôt délimite la couleur, tantôt déborde, lançant des lignes de fuite vers l’espace ou encore distille, en un lent mais constant fluide,  la sève vitale à travers un bras, une jambe, qui peu à peu prennent vie.

Dans ses œuvres, la figure apparaît seule avec ses propres émotions, mute avec sa propre douleur, s’immobilise dans ses propres défaites, se perd face à l’inéluctabilité de la vie.

D’autres œuvres décrivent une humanité en chemin. Foule perçue comme une masse indistincte où l’individualité laisse place à la valeur assumée du groupe. 

L’absence de connotation voulue par Claudia Cervo dans la représentation de la Foule lui permet de mettre en communication entre eux les corps individuels dont la ressemblance est rendue évidente et qui appartiennent à un même espace et à un temps dans lequel passé, présent et futur se dilatent. Un seul regard échangé entre deux individus suffit à faire surgir leur humanité et briser la notion de masse indistincte.

Alors, lorsqu’un unique visage envahit l’espace entier de la toile seul existe l’individu, avec toute son histoire… »

 Federica Luser.